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Let me wash my hands

installation, 2019

Mousse polyiuréthane, colorant synthétique, talc, silicone, polystyrène, verre, plumes d’autruches, métal, plexiglas, papier, encre, cire, déodorant. Peut contenir des traces de doigts

Let me wash my hands est une installation se rapportant au domaine du cosmétique. En tant qu’il participe à la construction des apparences - propices aux relations sociales - et à celle de l’identité, le cosmétique se présente comme une forme possible d’extension de soi, oscillant entre recherche d’idéalisme et processus de trans-formation, dans un rapport toujours ténu à un cadre normatif.

L’installation figure un espace épuré, impersonnel, sans qualité, qui pourrait se référer à un salon d’esthétique, à un intérieur domestique ou à un laboratoire, redoublant ainsi la confusion entre esthétisme, hygiénisme et biologie qu’opère l’industrie cosmétique contemporaine. Par effets de glissements, d’extensions ou bien de détournements, les éléments de cette installation morcelée tendent à pervertir le cosmétique, qui devient lui-même un décor (étymologiquement, le terme cosmétique renvoie à « cosmos », qui signifie « le monde », mais aussi « décor »), connotant tantôt une forme d’ascétisme clinique et déshumanisée, tantôt la toxicité ou l’épouvante. Ainsi, sur un faux papier à lettre de l’hôtel fictif « The Overlook », dans lequel se déroule le film Shining de Kubrick, est retranscrit un extrait d’une vidéo Youtube ASMR (Autonomous Sensory Meridian Response) mettant en scène une jeune femme dans un role-play d’esthéticienne opérant un soin du visage. Sur une table basse rehaussée d’un plumeau de nettoyage se trouvent une tête de mannequin en silicone et une main en polystyrène aux traits épurés auxquelles viennent s’agencer, à la façon d’extensions corporelles, un tube à essai et une éprouvette. Au sol, un prisme triangulaire en mousse peint en bleu d’incrustation (renvoyant à un accessoire de maquillage aussi bien qu’à un élément d’une assise) fait face à un tapis en talc - produit largement utilisé par l’industrie cosmétique, mais également dans les simulations de phénomènes physiques de type avalanches. Let me wash my hands s’intéresse ainsi à la modélisation de l’artifice, ainsi qu’au paradoxe d’une culture occidentale contemporaine qui fabrique du singulier par identifications à des formes et des objets impersonnels.

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