Numéro France
Exposition personnelle, sur invitation de Romain Grateau et Fiona Vilmer, Pauline Perplexe, Arcueil, FR
Sans titre (à qui le tour), 2023, tirages photographiques
Sans titre (rage au sort), 2023, acrylique et encre sur bois, boulier
Sans titre (kleroterion), 2023, acrylique, encre et mine sur bois
Sans titre (face), 2023, transfert, encre et mine sur acier, laiton
Sans titre (TVA), 2023, acier, plâtre, impression sur papier
Sans titre (isoloir), 2023, tissu, acier et impressions couleurs sur papier
Sans titre (sthuning), 2023, dispositif vidéo, 1’27’’
Le 19 mai 1976, en direct sur la une, une main mécanique tire d’une boule en plexiglass sept chiffres et un numéro chance au théâtre de l’Empire. On ne compte pas de gagnant sinon l’état français, qui détient 52 % du capital du Loto. Au jeu d’argent comme dans la sphère politique, les bonnes combinaisons font croire à la roue de la fortune qu’on fait tourner d’une main adroite, généralement dans le sens du vent — ou de la soufflerie.
Si le tirage au sort fait d’heureux·ses élu·e·s au jackpot des mises perdues, il a d’abord désigné une procédure remettant en jeu le poids des déterminismes dans la représentation politique par suffrage, et incarne, depuis l’Antiquité, un idéal de démocratie et de justice, auquel s’associent un cadre de présentation solennel, des pratiques ritualisées, un public averti, un lot d’objets concaves, un tour de main…et des techniques de fraudes. Entre représentation et trucage, Numéro France s’intéresse à l’histoire ludique et politique du tirage au sort en tant qu’il permet de remporter des gains, symboliques ou lucratifs, par le truchement d’un répertoire d’objets chargés de pouvoirs, maniés avec précaution. Cocher des cases, piocher des noms, tirer des numéros ou glisser des enveloppes sont ainsi autant de manipulations, anatomiques ou mécaniques, discrètes ou théâtralisées, qui activent la main de justice et font basculer des sorts. À moins qu’ils n’aient été jetés.